Substrat universel, la terre mérite mieux qu’une inattention, mieux qu’une dégradation et sa gestion tout comme sa protection doivent être mis au centre des politiques des États et chacun dans sa parcelle de responsabilité, doit y apporter sa pierre !… Sinon, que deviendra-t-on après la mort de la terre ? La journée internationale dédiée à la terre Nourricière, notre maison commune, nous donne encore la chance de remettre en question tout ce que nous représentons comme danger pour la terre. Elle nous rappelle le reprofilage de notre rôle à jouer pour assurer la survie de la terre, même pendant des moments délicats, où cette terre notre mère, subit les chocs et du changement climatique, et de la pression anthropique.
« Investir dans notre planète » telle est le thème choisi par l’organisation des Nations Unies pour célébrer la journée mondiale de la Terre de cette année 2023. C’est le moment de tout changer – le climat des affaires, le climat politique et « façon dont nous agissons pour le climat. Il est maintenant temps de préserver et de protéger notre santé, nos familles, nos moyens de subsistance… ensemble, nous devons investir dans notre planète, parce qu’un avenir vert est un avenir prospère… » Parole d’expert du mouvement environnemental « Jour de la Terre ».
A Goma, les aliments ( légumes, fruits et céréales) sont plus consommés par la population urbaine. La plupart des ces aliments proviennent des villages environnant la ville et d’autres des pays étrangers à l’Est du pays.
La ville de Goma regorgeant une multitude de la population,( déplacés de guerre, commerçants à la recherche d’un marché stable, des touristes et autres visiteurs ), besoin de beaucoup des renforts alimentaires. Les vendeuses de certains fruits et légumes au marché de KAHEMBE et BIRERE affirment que leurs marchandises proviennent souvent de KIBUMBA, RUTSURU, KIWANJA, MINOVA, UVIRA, IDJWI, KINDU, KALEHE et des pays voisins l’intar de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie.
La victime
Nourricière, mais perprtuelle victime des activités humaines, la terre mériterait mieux qu’une dégradation. Pour Zawadi SHAVADE « Les fruits que nous apportons aujourd’hui au marché n’ont pas la même qualité que ceux que nous avions apporté deux ans passés. On pouvait facilement trouver une orange qui pèserait au-moins 300 grammes et une prune de 500 grames mais aujourd’hui ce n’est pas le cas. Tout ce, parceque les travaux de l’homme pèsent plus sur notre environnement ».
La guerre
C’est un aspect très peu médiatisé. Mais ça pèse lourd sur la terre : sa productivité, sa disponibilité, sa résistance,… Les agriculteurs en souffrent énormément car leurs champs fertiles sont dans des zones pour la plupart, sous contrôle des groupes rebelles. Et par conséquent, il « n’y plus assez d’espaces pour faire une bonne culture ». Que ce soit sur le plan variétale, « on n’échange plus des variations des plantes dans nos champs car les endroits où nous pouvions cultiver sont actuellement occupés par des groupes armés. Ils laissent des résidus de leurs armes dans nos champs, ils mettent des trous partout, cela nous empêche de bien travailler notre terre…». Explique mélancoliquement Reagan, un garçon déplacé de guerre en provenance de KUBUMBA qui a abandonné ses activités champêtres à cause de l’installation des hommes armés dans son champ de famille. Ce jeune homme élève de son état, vend des fruits en ambulatoire dans la ville de Goma et avoue au micro de NATURELCD je cite : « j’avais une grande partie où je plantais différents types de fruits et cela me scolariser avec tous les frères. Aujourd’hui nous avons tous arrêté les études car nous n’avons plus un endroit tavitailler. Nous mangeons Chaque jour par grâce de Dieu ».
Rareté et prix, une question de calvaire…
La crise qu’engendre la guerre sur la terre, se transmet longitudinalement et verticalement sur la disponibilité des produits des champs. Et automatiquement, la loi de l’offre et de la demande s’explique et s’applique…
En effet, la guerre en cours en RDC, a fait de ce pays un hécatombe alimentaire. Le fonds des Nations unies pour l’alimentation FAO cité par le haut commissariat pour le réfugié HCR, indique que plus de 26 millions de Congolais n’ont pas d’accès à la nourriture et subissent en conséquence, les effets de l’insécurité alimentaire. Une réalité très évidente parce que les zones en potentielle production sont celles qui sont sous contrôle des groupes rebelles. Depuis Juin 2022 que les hostilités entre le M23-RDF et les FARDC ont pris une tournure inquiétante, les prix des plusieurs denrées alimentaires ont doublé voir triplé sur le marché. Une mesure du haricot est passée de 1200 FC à 5000, un fruit (prune) est passé de 100 FC à 200 FC, le maïs (grain) est passé de 700 à 2000 FC, le blé est passé de 2000 à 4000 FC même chose pour l’eulesine, alors qu’une mesure de sésame est passé de 6000 à 12000 FC,… ce prix a impacté négativement la fréquence et la quantité des repas dans les ménages de Goma qui pour la plupart sont des gagne-petits.
« Avec mes 9 enfants, je ne me limite aujourd’hui qu’à leur donner de la bouillie. Parce que je ne parviens plus à leur trouver les nécessaires comme ce fut le cas avant la guerre,… » témoigne Balthazar Angoyo, un quadragénaire. « Aujourd’hui, poursuit-il, un tas de patate douce que nous payions à 500 FC, revient à 1000 voire 2000 FC. Or, avec ma famille, j’ai besoin de 4 tas pour me rassurer que les enfants seront rassasiés… mais où puiser tout cet argent journalierement, quand on sait que même les routes qui nous faciliter de gagner quelque chose sont bloquées par les rebelles ? Voyez vous-mêmes combien c’est dur… » se désole-t-il.
Par ailleurs, quand bien même la nourriture est rare, ceux qui en trouvent difficilement et entretiennent des dépôts, en payent aussi le lourd tribut… Ils n’ont plus assez de clients comme avant, et ils ont choisi de se tourner vers les camps des déplacés auprès de qui ils rachètent à un prix abordable les nourritures issus des dons des organisations humanitaires…
« Notre travail de commercialisation des vivres est devenu si compliqué. Imaginez, toutes les routes débouchant des lieux d’approvisionnement sont coupées. Et le peu de nourritures dont nous disposons dans nos magasins pourrissent faute des clients… Nos clients d’antant ont fui le prix exorbitant des denrées alimentaires. Nous avons appris qu’ils préfèrent aller acheter à bas prix, la semoule vendue par les déplacés dans les différents camps qui avoisinent la ville… », déroule Chantal Kanyere, responsable d’un dépôt des vivres au centre-ville de Goma.
Le climat, un autre fléau…
La terre est dégradée suite aux effets du changement climatique, « il n’y a plus de trois mois où nous avons connue une érosion dans le village où je cultivais le maracouja. Le sol a connu un éboulement et je n’avais pus rien comme plante dans mon champ et la grande partie qui est ravagée par l’eau n’est plus récupérable. Et si je suis ici c’est juste pour me reposer, je ne sais plus que faire, je me suis habitué à l’agriculture et à l’élevage des petits bétails. Ma femme et mes enfants sont tous au site des déplacés au camp Don Bosco. Je suis allé le dire au chef du village il n’a pas eu de réponse à me faire. J’ai tout perdu, aujourd’hui je n’ai ni maison d’habitation ni champ pour subvenir aux besoins de ma famille. J’implore notre gouvernement de songer aussi aux gens qui sont victimes des phénomènes naturels ou des effets du changement climatique, car beaucoup de champ prennent feu dans notre village sans pour autant connaître l’origine. Et cela conduit à une perte énorme pour nous les agriculteurs car nous n’avons pas de voix »… regrette Jérome NDASHIMIYE, déplacé vivant à KIBATI.
Kibati comme Kibumba, ces villages situés à quelques kilomètres au Nord de Goma en territoire du Nyiragongo, subissent souvent en temps pluvieux, des coulées boueuses générées par les hautes collines Rwandaises avec lesquelles ils partagent les limites. « Toutes les fois qu’il pleut, il y a éboulement au Rwanda. Et cette terre boueuse qui coule avec les eaux de pluie, vient souvent engloutir nos cultures et nos récoltes sont réduites à zéro… c’est un phénomène récent parce qu’auparavant nous ne connaissions pas ça »… nous expliquait il y a quelques mois, Kanane Basabose, agriculteur basé à Kibumba.
« Même le cycle des pluies est déjà perturbé. Et ç’a des effets sur la production… », continue-t-il. Il y a moyen que les dirigeants de la RDC et du Rwanda trouvent une alternative à ce problème qui nous met en mal, veut-il.
En revanche, le changement climatique qui se fait déjà sentir dans le monde agricole par la perturbation des saisons, a fait des nouvelles apparitions pathologiques chez les plantes. Dans le territoire de Rutshuru par exemple, les trois dernières saisons ont été malheureuses pour la culture du maïs. « Nous connaissons depuis un temps, l’apparition d’une nouvelle espèce d’insectesqui attaquent le maïs surtout quand la sécheresse frappe fort. Cela a déjà occasionné une baisde de la production. Nous pensons que ça vient avec le changement climatique parce que dans le temps, nous n’avions jamais connu de problème pareil… », explique Vianney Watsongo, lauréat 2021, du prix Georges Atkins, de radio Rurale Internationales, prix venus couronner ses efforts à accompagner les pays paysans.
Dans un contexte dans un premier temps irrésistible, les agriculteurs doivent agir (avec audace), innover (largement) et mettre en œuvre (équitablement) des stratégies nouvelles d’adaptation. Tous les acteurs sont concernés : « les entreprises, le gouvernement, les citoyens – tout le monde est responsable de notre support de vie pour nous et nos enfants ! », laisse entendre l’ONU à l’occasion de la journée dédiée à la terre.
La mauvaise qualité…
Tout le monde, sinon nombreux le savent : la qualité des produits vivriers dépend toujours des procédures qui ont accompagné leur production, de la culture de la terre en passant l’entretien des plantes jusqu’à leur commercialisation. Il est assez souvent conseillé de privilégier les aliments biologiques, issus d’une production saine, sans usage d’engrais ni de pesticides…
Mais c’est devenu presque impossible : parceque d’un côté, pour faire face aux déficits terriens, l’on recours à l’agriculture intensive, qui elle aussi fait appel à l’usage des engrais chimiques, des pesticides, des variétés génétiquement modifiées,… et c’est ce que font le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie, pourtant trois des pourvoyeurs en fruits de la RDC. Mais en RDC, leurs produits sont autant désavoués par des citoyens informés des effets de ces genres des produits sur la santé.
« Les professionnels de santé ne cessent d’alerter sur les conséquences des aliments génétiquement modifiés ou les cultures faites à base d’engrais chimiques. Dans l’un ou dans l’autre, les spécialistes sont unanimes sur la toxicité des produits et les répercussions négatives sur la santé humaine. Malgré l’absence de statistiques officielles, les victimes qui se comptent actuellement dans le pays, le développent des maladies cardiovasculaires, le diabète, entre autres, suscitant l’inquiétude des chercheurs agronomes qui ont voulu garder l’anonymat », n’ont cessé d’alerter les chercheurs.
Le bémol dans tout ça c’est que : « Ces fruits importés sont moins chers. Nous les revendons à un prix abordable par rapport aux fruits bio produits localement dans notre pays ayant beaucoup de vitamine » rapporte Madame SUZIKI vendeuse des fruits au marché de Birere.
Madame SUZIKI revient encore : « avant, on savait s’il a plu pendant telle période, donc nous aurons affaire à la récolte de tel ou tel autre fruit… Mais avec ce changement, nous n’arrivons plus à lreconnaître… » un argumentaire qui soutient que la perturbation des saisons, ne s’est pas fait accompagner d’une mise à jour succeptible de laisser les citoyens avoir le contrôle des moments caractéristiques saisonniers.
Guerre, routes, climat, OGM…
La dégradation et l’indisponibilité des terres ne font plus le seul problème. Il y a aussi le climat, les routes et l’insécurité qui s’invitent. Suite à l’activisme des groupes armés dans les bassins de production, l’Etat Congolais s’est plusieurs fois senti en difficulté de tracer, et / ou entrenir les routes de desserte agricole. Ce qui fait que même la mariginale production obtenue grâce au management de certains agriculteurs courageux, pourrit sans avoir jamais atteint les centres de consommation, ce qui malheureusement fait que les populations recourent toujours aux organismes génétiquement modifiés OGM.
« Au début je vendais seulement des fruits bio en provenance de KIBUMBA, MINOVA, RUTSURU et IDJWI. Mais actuellement je commence à mélanger car il ya des périodes où je manque ces fruits bio… » laisse entendre SUZUKI, cette vendeuse des fruits depuis deux décennies.
« Plusieurs fois nous recevons nos produits déjà dégradés, car les chauffeurs prennent du temps pour nous les ramener du champ après récolte jusqu’ici au marché. Et cela nous pénalise. En cours de route il ya plusieurs barrières où on doit payer des taxes… tout cela nous decourge et nous pousse à aller vers les aliments en produits chimiques venant d’autres pays qui sont moins chers »… regrette-t-elle.
« Nous avons un seul message aux autorités qu’elles nous aident à ramener la paix chez nous, car nous avons des terres arables pleines d’engrais naturels qui peuvent nourrir même tout le pays » Ajoute t-elle.